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Psylle commun du poirier : Cacopsylla pyri

Il existe trois espèces différentes de psylles du poirier : le grand psylle du poirier (Cacopsylla pyrisuga), le petit psylle du poirier (C. pyricola) et le psylle commun du poirier (C. pyri). Dans les vergers commerciaux toutefois, on ne trouve quasiment que ce dernier (C. pyri), les autres espèces étant insignifiantes chez nous.

La description ci-dessous et le modèle concernent C. pyri. La biologie du petit psylle du poirier (C. pyricola) est toutefois analogue. Par contre, le grand psylle du poirier n’effectue qu’une génération sur poirier.

Description et biologie

Les adultes du psylle commun mesurent 2,2 à 2,9 mm de long et maintiennent, au repos, leurs ailes translucides plaquées en toit sur le corps. La forme hivernale, dont les ailes ont des zones enfumées et des nervures presque noires, est plus grande et plus foncée que celle estivale, laquelle est de couleur variable (beige, rouge) avec des ailes très transparentes aux nervures claires. Les œufs, de forme oblongue, mesurent environ 0,3 mm de long et sont pondus par colonies sur les jeunes feuilles, les fleurs et les pousses herbacées; Blancs à jaune très clair juste après la ponte, il devient jaune orangé à maturité. Les jeunes larves sont jaune-orange et ne se distinguent guère des œufs à l’œil nu. Les stades plus âgés sont nettement plus foncés et atteignent à la fin de leur développement une longueur de 2-2,5 mm. Les larves sécrètent un miellat abondant et se tiennent généralement par groupes sur les jeunes feuilles et sommets des pousses.

Le psylle commun du poirier hiverne en tant qu’adulte (mâle ou femelle), dans les vergers de poiriers ou dans leur environnement immédiat. Les femelles hivernantes deviennent actives parfois en janvier, le plus souvent en février. La ponte débute dès que les températures dépassent 10°C et peut déjà être abondante en février ou au début mars, chaque femelle produisant plus de 200 œufs en moyenne.

Les oeufs de première génération sont déposés dans les crevasses, les replis des lambourdes ou à la base des bourgeons. Ceux des générations suivantes sont pondus essentiellement à l’extrémité des pousses en croissance, de préférence le long de la nervure principale des feuilles terminales. L’éclosion des larves de la première génération coïncide avec le débourrement des poiriers. Elles colonisent surtout les inflorescences et les jeunes fruits et atteignent le dernier stade larvaire vers la fin de la floraison. Les adultes de la première génération apparaissent dans le courant du mois de mai. Les pontes de la deuxième génération sont encore assez groupées, puis durant l’été tous les stades de l’insecte sont actifs en même temps. La troisième génération se développe en juillet/août, une quatrième peut encore être observée en septembre/octobre.

Une forte attaque de psylles du poirier peut occasionner des dégâts économiques considérables, dus à l’abondant miellat excrété par les larves. Le miellat entraîne des brûlures sur les feuilles et les rameaux et peut couler sur les poires les rendant poisseuses voir impropres à la commercialisation après l’installation d’un champignon noirâtre appelé fumagine. La fumagine peut recouvrir une partie importante du feuillage, diminuant sensiblement la photosynthèse et faisant chuter prématurément des feuilles. Les piqûres répétées des larves et des adultes peuvent aussi perturber la croissance du végétal, notamment des bourgeons, et compromettre la floraison de l’année suivante.

Méthodes de surveillance et seuil de tolérance

A la fin de l’hiver, dès que la température dépasse 6°C, un frappage sur 100 branches permet une bonne estimation des populations d’adultes hivernants. Si l’on récolte plus de 150-250 adultes sur 100 branches, on peut envisager un « traitement d’hiver ». Celui-ci se fera (sur avis officiel) dès que la température maximale dépasse 10°C pour la deuxième fois, soit juste avant le début de la ponte.

Par la suite, l’estimation des populations de psylles se fait par des contrôles visuels à l’aide d’une loupe de poche, sur les inflorescences à la fin de la floraison, sur 50 à 100 pousses en croissance (6 dernières feuilles) durant le reste de la saison. Dès la deuxième génération (juin), le seuil d’intervention se situe à 8-10 larves par pousse, soit environ 60-80% de pousses occupées. Ce seuil indicatif peut naturellement varier en fonction de la structure d’âge des larves, de la présence simultanée de nombreux œufs, de la vigueur des arbres ou de la présence d’ennemis naturels du psylle.

Il est également recommandé de procéder à un contrôle des fruits avant la récolte, afin de vérifier la proportion de fruits souillés par la fumagine.

Moyens de lutte et produits phytosanitaires

Il est exceptionnellement possible d’intervenir en fin d’hiver, juste au début des pontes des femelles hivernantes. Deux ou trois applications de kaolin ou de carbonate de calcium à intervalles de 10-14 jours réduisent considérablement la première génération du psylle. Toutefois ces traitements ne diminuent pas drastiquement les attaques des générations suivantes, des adultes de psylle pouvant toujours immigrer depuis les alentours.

Une lutte chimique contre les psylles n’est ainsi recommandée qu’à fin mai / début juin, après la floraison, en visant les œufs et les larves de deuxième génération.
L’abamectine (délai d'utilisation 30.11.2025), le spinetoram (attention: les deux sont dangereux pour les abeilles), huile d'orange et hydrogéncarbonate de potassium sont efficaces. La régulation est la plus efficace au début de la deuxième génération. Selon le produit utilisé, le traitement doit être effectué fin de mai en visant les œufs, au début des éclosions larvaires (spirotetramat, huile d'orange, hydrogéncarbonate de potassium) ou plutôt plus tard, début juin, en visant les jeunes larves. L’huile d'orange ou le hydrogéncarbonate de potassium doivent être appliqués à plusieurs reprises à 7 jours d'intervalle. Si le miellat est formé, un «lavage» préalable avec des produits de savon peut être utile. En général, un traitement soigneux avec une quantité de bouillie de plus de 500 l / ha est recommandé.


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